Killer is Dead est un jeu développé par Grasshoper Manufacture, dirigé par Hideyuki Shin et écrit par Goichi Suda sorti en 2013. On incarne Mondo Zappa, un tueur à la solde du gouvernement avec un bras bionique et un katanna qui se bat contre des créatures venant de la face cachée de la lune. Il est accompagné par Mika, sa jeune assistance folle qui le réanimera lors d'un game over. Son boss est un afro-américain à moitié cyborg et le dernier membre de ce groupe de fou est une femme blonde du nom de Vivienne.
Je vais essayer de faire court, étant donné que j'ai fini le titre il y a plusieurs mois et qu'il me reste une impression mitigée. J'ai joué au jeu en mode normal et facile, je n'ai fait aucune mission Gigolo donc je n'avais pas toutes les armes du jeu et j'avais accès à une mission optionnelle car j'avais l'édition limitée du jeu.
Le script
Si vous avez lu le synopsis en haut ou vu les images du jeu, vous vous doutez bien que le scénario doit être légèrement déjanté. Il l'est complètement. On se retrouve à devoir arrêter un train fou, à voyager sur la Lune comme si c'était naturel ou à contrer une invasion d'extraterrestres dans un jeu divisé en mission sous un format épisodique. Certains chapitres vous demandent de remplir vos contrats d'assassinat, d'autres vous emmènent dans un rêve récurrent en lien avec votre passé et à la fin les deux intrigues convergent. Le ton sérieux et amer de Killer 7 est là, mais on s'approche pour le meilleur et pour le pire d'une intrigue complètement débridée ne s'embarrassant d'aucune vraisemblance. Ceci dit sous ses airs d'histoire absurde Killer is Dead s'en sort à délivrer l'essentiel de son histoire pour qu'on comprenne de quoi il était question dans la tête de son auteur avant que le script passe au mixeur.
Toute personne ayant fini Killer is Dead et ayant l'habitude des histoires de Suda Goichi aura bien compris que le script a été charcuté. La douleur fantôme ? Oh oui, la douleur fantôme d'un homme à qui il ne reste plus que le tronc. Même si on a compris les grandes lignes et les liens unissant les protagonistes, tout semble flou et une rapide recherche sur internet nous permettent de prendre du recul. Les personnages ne jouent jamais carte sur table, des phrases envoyés en l'air lors des cinématiques prennent un tout autre sens lors du second run. Mais des dizaines et des dizaines de question restent alors en suspend et d'autres apparaissent. Il est question de lien de sang, de personnages directement reliés à des astres, de manipulation mentale et de héros amnésique. Le script présent est moins dense que celui de Killer 7, moins politique aussi, mais tout aussi obscur.
Mais, malgré ça on s'en sort... bien. (J'espère que vous avez compris qu'il faut mettre cette phrase dans un contexte où le grand méchant s'habille avec un slip dorée et où le héros dit qu'il se trouve dans un jeu d'action) Le final du jeu m'a énormément fait plaisir. La boucle est bouclée. Le titre trouve un sens et on comprend où l'auteur voulait en venir. Le jeu brise le 4e mur plusieurs fois, s'adresse explicitement aux joueurs et on comprend que Killer is Dead se présentent comme un testament de Grasshoper Manufacture à la génération PS360.
Les combats et les boss
Killer is Dead est un jeu d'action où il est nécessaire d'éliminer des dizaines d'ennemis au corps-à-corps dans un environnement étroit pour accéder à la prochaine zone de jeu. Le système de combat est proche d'un Alice : Retour au Pays de la Folie, un peu plus dynamique, avec une caméra qui vise légèrement l'ennemi pour ne pas cacher les autres. Dans l'idée, j'aime le système de combat : il n'y pas d'enchaînements ou de combianaison de coups précis, on alterne entre les attaques simples, les break gard et les esquives. On est dans une forme de pierre-feuille-ciseau qui se complexifie, mais les améliorations d'armes ou de notre jauge de point de vie rendent soit le système plus intéressant, soit le déséquilibre. Je m'explique. Par exemple, la jauge représentant nos munitions pour les attaques à distance peut être aussi utilisée pour regagner de la vie. On pourrait se retrouver à devoir gérer intelligemment sa jauge selon la situation avec un comportement agressif ou défensif. Sauf que comme le jeu propose d'autres moyens de regagner de la vie, le jeu perd en profondeur. De la même manière, la garde est superflue quand on obtient l'esquive. Ce sont ces petits défauts (il y en a d'autres) qui font que le système ne propose pas de choix intéressant. Les solutions gagnantes sont clairement identifiables et facile à mettre en oeuvre. L'équilibre prise de risque / récompense n'existe pas.
Le challenge de Killer is Dead peine à être stimulant et les combats manquent beaucoup de visibilité à cause du design des ennemis, des couleurs criardes et des effets visuels à foison. La technique et la direction artistique du jeu ne lui rendent pas service. Le jeu pour ces mêmes raisons est parfois difficile. (ce qui ne rend pas le jeu meilleur ou pire, hein)
Je me suis énormément ennuyé à parcourir les niveaux. Il faut enclencher des mécanismes dans des décors de maison de poupée et revenir constamment sur nos pas. Les rares phases de shoot n'aident pas le jeu à se diversifer. Les phases de drague ne m'ont pas intéressées alors je n'y ai pas joué. Dans son déroulement comme dans son système de combat, Killer is Dead est un jeu moyen voire mauvais, mais je retiens quand même deux moments au-dessus du lot dans cette aventure d'une dizaine d'heures.
Lors de l'épisode 8, on se retrouve dans une sorte de rêve où le héros traverse un pont avec des ennemis qui apparaissent et la caméra est prise en charge par les développeurs. Le jeu devient enfin fluide dans sa progression. On n'est plus bloqué face à une demi-douzaine de créatures affreuses. L'histoire se parcourt sereinement en ligne droite, sans les coupures par les temps de chargement et sans lieu étroit où la caméra ne sait plus où se mettre. Le jeu manque de passage comme ça pour briller un minimum. Puis, il y a le combat final en trois étapes où les décors deviennent apocalyptiques, c'est définitivement la fin, on a même un remix du Nouveau Monde de Dvorak pour fêter ça ! Je suis complètement happé par le combat ! Sauf qu'on plie le boss en moins de deux grâce à nos améliorations... Ce combat, je le retiens uniquement parce que c'est un gâchis monumental en terme de challenge, surtout que la facilité TUE l'intensité dramatique du passage. (en effet les attaques critiques arrêtent la musique du jeu, un gâchis vous dis-je)
Techniquement à la ramasse, avec un scénario gruyère, un système de combat mal équilibré, des affrontements dynamiques mais peu lisibles et une mise en scène au ras des pâquerettes, Killer is Dead n'a pas grand chose pour lui. Il possède quelques bonnes idées, des affrontements de boss parfois originaux, une ambiance inimitable, une bande-son plus que correcte et un final dantesque. Mais, c'est pas grand chose, oui. Pourtant, malgré, toutes ses lacunes, il sait interpeller le joueur, lui offrir ces moments fous qu'il ne peut trouver que difficilement ailleurs sans lui promettre la lune pour autant.